jeudi 5 mars 2009

28 % des Stocks de Poissons Surexploités

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié, lundi 2 mars, son dernier rapport sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture. La FAO centralise et rend publiques, tous les deux ans, les données de captures fournies par les pays.

La pêche mondiale a atteint un nouveau record de production en 2006, avec 143,6 millions de tonnes. La croissance repose uniquement sur l'aquaculture, qui représente désormais 47 % du poisson consommé par l'homme. Quelque 110 millions de tonnes sont destinées à l'alimentation humaine, le reste à la nourriture du bétail ou à la fabrication de farine de poisson pour l'aquaculture.

Selon la FAO, environ 28 % des stocks sont surexploités, dont 8 % sont épuisés et 1 % en cours de reconstitution. Environ 52 % sont pleinement exploités, c'est-à-dire "générant des captures dont le volume est proche du seuil d'équilibre, interdisant ainsi toute expansion future". Seuls 20 % sont modérément ou sous-exploités.

"Plus de 80 % des stocks sont pleinement exploités ou surexploités et nécessitent une gestion prudente et efficace, écrivent les auteurs. Le potentiel maximal de prélèvement sur les stocks naturels a probablement été atteint et nécessite une approche davantage contrôlée de la gestion de pêche."

Selon Daniel Pauly, qui a analysé en détail les données de la FAO, la pêche s'est développée, depuis les années 1950, en suivant "trois axes". "En premier lieu, les flottes des pays du Nord ont envahi les mers des pays du Sud", explique le chercheur.

"Le deuxième axe, c'est la descente vers les profondeurs", poursuit-il. Or les espèces des grandes profondeurs vivant longtemps et se reproduisant très lentement, elles sont particulièrement vulnérables.

Le troisième axe est celui de la diversification. "On descend dans la chaîne alimentaire des océans, on pêche des poissons de plus en plus petits, de plus en plus bizarres, qu'on ne pêchait pas auparavant", dit M. Pauly.

Selon le scientifique, les conséquences en chaîne du dérèglement de l'écosystème océanique pourraient être dramatiques si la situation ne change pas : prolifération de méduses et d'algues, multiplication des "zones mortes" (sans oxygène) dans les océans.

Dans son rapport, la FAO met en garde : les pratiques de pêche "responsables" devraient être généralisées. Mais ces recommandations restent dans l'ensemble lettre morte.

Le rapport insiste sur un autre danger : le changement climatique, qui commence à bouleverser la répartition des espèces. "Les espèces d'eaux plus chaudes se retrouvent déplacées vers les pôles en voyant la taille et la productivité de leur habitat se transformer", dit le rapport.

La FAO prévoit que ce phénomène aura des conséquences "considérables" pour les communautés dépendantes économiquement de la pêche. Dans le monde, 43,5 millions de personnes vivent directement de la pêche et de l'aquaculture et 500 millions travaillent dans la filière.

Source : Le Monde.fr - Gaëlle Dupont - Article paru dans l'édition du 04.03.09.