vendredi 1 octobre 2004

Notre santé en otage (Québec)

Notre système de santé, jadis la fierté des Canadiens, s’est dégradé depuis une vingtaine d’années. Au Québec, les récriminations sont nombreuses : une pénurie de médecins et de personnel spécialisé, un manque d’équipements, de trop longues listes d’attente, des patients isolés qui reçoivent peu d’information et qui n’ont aucun soutien psychologique.

Le double calvaire des cancéreux

Les besoins sont encore plus criants, au Québec, en ce qui a trait au traitement du cancer.

L’équipe d’Enjeux a recueilli les témoignages troublants de femmes atteintes du cancer du sein, qui ont eu bien du mal à se faire soigner. Elles ont surtout dû attendre. Attendre pour connaître le diagnostic, attendre pour subir l’opération, attendre pour suivre la radiothérapie. Depuis 1997, près de 10 000 femmes auraient attendu au-delà de huit semaines pour leur traitement de radiothérapie. Un délai jugé dangereux. En avril 2004, Anahit Cilinger obtenait, au nom de milliers de femmes, le droit d’exercer un recours collectif contre les 12 hôpitaux québécois qui donnent des traitements en radiothérapie. Récemment, ce même groupe tentait d’obtenir, en Cour d’appel, le droit de poursuivre aussi le gouvernement.

Le système vu de l’intérieur

L’équipe d’Enjeux se demande pourquoi notre système est malade. Est-ce l’incompétence des gestionnaires? Ou plutôt une mauvaise volonté politique? Tous se renvoient la balle. Dans ce reportage, des professionnels de la santé racontent comment ils vivent au quotidien la déroute du système. Certains décrivent un système en faillite, tenu à bout de bras par des ressources humaines. Ils dénoncent un manque de vision du gouvernement. Une des conclusions émergeant de l’enquête d’Enjeux : seule une vision à long terme mettra fin à l’isolement des patients et à la gestion par crise.

Des initiatives intéressantes

Le médecin Pierre Dubé donne des sessions d’information, pendant ses temps libres, aux femmes qui ont le cancer du sein. Il dit souvent qu’on « s’occupe très bien des maladies au Québec, mais on s’occupe très peu des patients ».

En Montérégie, neuf hôpitaux participent à un projet novateur. Il s’agit du Centre intégré de lutte contre le cancer, à l’hôpital Charles Lemoyne. On y privilégie le soutien au patient et le travail d’équipe. Dans chaque hôpital, une « infirmière-pivot » prend le temps de répondre aux questions des patients. Lorsqu’elle a besoin d’aide, elle a recours à une équipe interdisciplinaire. Ce programme à l’approche humaine est en train de révolutionner les soins en Montérégie.

Source: Enjeux, Radio-Canada

Aucun commentaire: