jeudi 16 juillet 2009

Californie : Eviter la Faillite

Le Parlement de l’Etat peine à réduire un déficit approchant les 25 milliards de dollars.

Des missions impossibles, Arnold Schwarzenegger, l’ex-Terminator des écrans hollywoodiens, en a vu d’autres. Mais, cette fois, la partie se joue dans un monde réel… Et elle s’annonce serrée. L’enjeu ? Eviter la faillite de l’Etat de Californie, dont le républicain modéré «Schwarzy» est gouverneur depuis 2003. Témoin du désastre auquel est confronté cet Etat : un compteur du déficit public placé près du bureau de Schwarzy au Capitole de Sacramento.

Certes, depuis janvier, des progrès ont été réalisés. Au compteur, la vitesse de croisière du déficit californien n’est plus de 500 dollars (355 euros) la seconde, comme au début de l’année, mais elle oscille entre 300 et 350 dollars. Trop. Beaucoup trop pour les finances de cet Etat aussi grand que l’Italie. A tel point que tout est désormais bloqué du côté du Parlement local. Là où démocrates (majoritaires) et républicains sont censés boucler le budget de la nouvelle année fiscale.

L’exercice est d’autant plus compliqué que, contrairement au gouvernement fédéral, les Etats n’ont pas le droit d’afficher un budget déficitaire. Les démocrates sont d’accord pour diminuer les dépenses, mais à condition d’augmenter les impôts. Pas question de ponctionner encore plus le contribuable, qui s’est déjà pris 20 % de hausse fiscale sur les douze derniers mois, rétorque le camp des républicains.

Bureaux fermés. Ce n’est pas la première fois que le Parlement californien ne parvient pas à boucler son budget. Mais, cette fois, la situation atteint des sommets. Résultat ? Un «governator» qui sabre dans la plupart des dépenses publiques. Mais pas assez pour réduire à zéro un déficit qui frôle la barre des 25 milliards de dollars. «En attendant, toutes les administrations locales ont été contraintes de se serrer la ceinture, confie une économiste d’une banque française installée à San Diego. Près d’un million de Californiens qui bénéficiaient de programmes sociaux ont vu le montant des prestations diminuer.»

La plupart des bureaux des administrations ferment les trois premiers vendredis du mois. Et baissent d’autant les salaires des fonctionnaires. Près de 600 000 enfants issus de familles pauvres pourraient connaître une forte réduction des prestations sociales. Et 5 000 fonctionnaires risquent de perdre leur emploi.

La situation est d’autant plus tendue que l’administration Schwarzy ne paie plus la plupart de ses fournisseurs avec des dollars, mais avec du papier qui fait office de reconnaissance de dette… remboursée au porteur lorsque la situation budgétaire sera assainie. Comme ce fut déjà le cas il y a une vingtaine d’années.

Comment cet Etat, ce symbole du high-tech avec sa Silicon Valley et ses grandes industries, a-t-il pu en arriver là ? Par une concentration excessive de tout ce qui emporte les Etats-Unis. Hier, l’explosion de la bulle Internet ; aujourd’hui, celle de la bulle immobilière. Et son effet domino : des faillites bancaires en chaîne, une baisse de l’activité économique et, in fine, une chute de la production qui s’en suit. Avec, en prime, une inéluctable baisse des recettes fiscales, alors même que la plupart des Etats ont justement besoin d’amortir les effets de la crise en injectant des sommes astronomiques dans les (larges) tuyaux de l’économie.

Espoir volatilisé. Seulement voilà : les marges de manœuvre de la Californie sont relativement faibles. Il faudra aux élus démocrates et républicains trouver un terrain d’entente pour afficher un déficit nul. Faute de quoi, la Constitution prévoit l’interdiction aux élus de voter le moindre texte qui ne soit en relation directe avec la question budgétaire. Et c’est sans compter sur la puissance des agences de notation, qui menacent désormais de dégrader les notes de l’ex-élève modèle californien. Moody’s vient ainsi de placer sous surveillance, en vue d’un probable déclassement, les notations portant sur les obligations principales de la Californie.

Résultat, lorsque cet Etat voudra s’endetter auprès des marchés financiers, cela lui coûtera un peu plus cher qu’aujourd’hui. De quoi alourdir la part du budget consacrée au remboursement des dettes publiques. Quant à l’espoir Obama, il s’est volatilisé il y a une quinzaine de jours, quand Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche a résumé : «Nous allons continuer de suivre les défis auxquels fait face la Californie. Mais ce problème budgétaire, malheureusement, ils vont de devoir le résoudre.»

Source : 16/07/2009 Par VITTORIO DE FILIPPIS, Libération.fr

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