mardi 18 novembre 2008

Les prix du pétrole effleurent les 50 dollars, l'Opep pourrait réagir

Jeudi 13 novembre, 22h25, AFP, Delphine DECHAUX

Les prix du pétrole ont effleuré jeudi le seuil de 50 dollars à Londres, après que l'Agence internationale de l'Energie eut confirmé la rapide dégradation de la demande, poussant les pays exportateurs à se réunir en urgence fin novembre pour tenter d'enrayer la chute.

Grandeur et décadence de l'or noir: passé pendant la première moitié de l'année de 100 à presque 150 dollars (avec un record de tous les temps à 147,50 dollars à Londres), le prix du baril a été divisé par trois en cinq mois.

Son cours est tombé jeudi à Londres à 50,60 dollars, son niveau le plus faible depuis mai 2005. A New York, il a plongé jusqu'à 54,67 dollars, un plus bas depuis janvier 2007.

Le spectaculaire retournement du marché tient à la combinaison de trois grandes raisons: le pétrole a été victime de la cherté de son prix, du ralentissement économique mondial, et de la crise financière, qui a entraîné un retrait massif des acteurs spéculatifs.

La détérioration de la demande a été confirmée par le rapport d'octobre de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a abaissé sa prévision de consommation mondiale de pétrole: pour 2008 elle ne prévoit plus qu'une infime croissance de la demande, de 100.000 barils par jour (mbj) seulement, suivie en 2009 d'une toute petite hausse, de 400.000 bj.

Une contraction de la demande, à l'oeuvre dans les grands pays industrialisés, est particulièrement sévère aux Etats-Unis. Le département américain de l'Energie a révélé jeudi une baisse de 6,6% de la consommation de produits pétroliers, sur un an.

Ce sombre tableau conduit les économistes à se demander dorénavant jusqu'où les prix peuvent tomber.

"D'autres baisses de prix, jusqu'à même 30 dollars le baril, sont envisageables dans les prochains mois", estime par exemple Julian Jessops, du cabinet Capital Economics.

Cette menace a poussé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à riposter avant sa réunion extraordinaire prévue le 17 décembre à Oran (Algérie).

Selon une source informée, citée par l'agence algérienne APS, le cartel se réunira le 29 novembre au Caire pour se préparer à toute nouvelle décision au cours de la réunion d'Oran.

Auparavant, une autre source, interrogée par l'AFP, avait jugé "très probable" la tenue d'une telle réunion.

Les ministres arabes de l'Opep (Algérie, Koweït, Libye, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis et Irak) se trouveront déjà dans la capitale égyptienne à l'occasion d'une réunion de l'Opaep (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole).

"Du point de vue des ministres de l'Opep, le pire des cauchemars", un baril à 50 dollars, est déjà une réalité, rappellent les analystes du courtier Cameron Hanover.

L'Opep semble déterminée à ne pas reproduire ses erreurs de la crise asiatique, lorsqu'elle avait tardé à réagir à l'effondrement des prix du pétrole, les laissant chuter jusqu'à 10 dollars en 1998.

Une première baisse de la production, de 1,5 million de barils par jour, décidée lors de la dernière réunion de l'Opep, le 24 octobre, a cependant pour l'heure été sans effet, ce qui fait douter certains économistes de l'influence de l'Opep sur les prix.

"Le fait que les prix ont continué à baisser (malgré cette baisse, ndlr) illustre l'impuissance du cartel face à la détérioration rapide de la demande", juge ainsi M. Jessops, qui rappelle que les baisses de production décidées en 2001 et 2002 n'avaient porté leurs fruits qu'en 2004.

Le baril de pétrole a fini en baisse de 38 cents, à 51,99 dollars à Londres, mais en hausse de 2,08 dollars à 58,24 dollars à New York, où les investisseurs ont eu le temps de réagir à l'annonce de la réunion de l'Opep.


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